Une paille en bois pour utiliser efficacement les chutes de bois des scieries japonaises.
Paris, en fin de semaine du 14 juillet, ont eu lieu les journées les plus chaudes de l’année. En se rendant à la Japan Expo, la chaleur nous enlaçait de ses bras étouffants. Les voitures défilaient sur l’autoroute en direction du Parc des Expositions, lieu du célèbre événement nippon qui captive la France depuis plus de vingt ans.
Le soleil était haut dans le ciel et n’avait pas l’intention de nous épargner, continuant de nous darder de ses rayons brûlants. Il nous fallait un moyen de nous rafraîchir ; s’abriter à tout prix de cette chaleur infernale. Ainsi, nous nous sommes rendus devant le stand de JETRO (Japan External Trade Organization), où se trouvait la société Aqurahome avec Toshiya Miyazawa. Cette société, dont le siège est situé à Tokyo, est spécialisée dans la construction en bois. Parmi ses diverses activités, elle fabrique une paille en bois écoresponsable.
Pour en savoir plus sur les raisons de la naissance de cette paille, nous avons eu la chance de rencontrer Miyazawa Toshiya, charpentier et président de Aqurahome, et Ayano Nishiguchi, autrice du livre sur la paille en bois et directeur des promotions chez Aqurahome. Ils étaient en train de faire une démonstration sur la création des pailles avec de fines lamelles en bois de cèdre. Conquis par l’unicité du parfum du cèdre japonais, le sugi (杉), notre attention a été retenue par cette paille en bois…
Cette paille a pu voir le jour grâce au travail de coordination et à l’expertise de Mme Nishiguchi et de M. Miyazawa, et connait un grand succès au Japon et à l’international.
La procédure à suivre pour réaliser cette paille en bois vient d’une technique traditionnelle de construction en bois qui s’appelle kanna-kezuri (カンナ削り). Pour la lame du rabot, il est important d’adapter sa technique à la température de la lame ainsi que le taux d’humidité ambiant. Après cela, le bois est raboté jusqu’à créer des fines lamelles d’un micron (1 micron équivaut à 0,001 millimètre). Plus fin qu’un cheveu !
Puis, vous prenez une de ces lamelles, vous l’étendez sur une superficie lisse et plate, et vous passez de la colle liquide dessus. Ensuite, vous prenez un tube en fer d’un diamètre de 0,5 cm, vous prenez l’extrémité de la feuille et vous la collez au tube. Vous roulez le tube jusqu’à ce qu’il soit complètement entouré par la lamelle en bois. Vous enlevez enfin le tube, puis coupez les excès. Ainsi, vous aurez votre paille en bois éco !
Alors que nous avons eu la chance d’essayer la construction de la paille, l’incontournable parfum du cèdre japonais a emprisonné nos narines. Nous avons voyagé à l’autre bout du monde, dans la campagne japonaise, où le cèdre se mêle aux touffes de bambous verdoyantes, sous le soleil d’été. Ce même soleil annonce la lisière entre l’été et l’automne où, la chaleur humide laisse de la place à des bancs de nuées grises, à la fin du mois d’août. Pourtant, le climat est mitigé et les occasions de pouvoir utiliser la paille en bois, restent nombreuses.
La chaleur de mi-juillet persistait dans les pavillons de la Japan Expo. Les visiteurs glissaient par flots dans les différents stands d’art traditionnel, de nourriture et de manga. Il est vrai que la chaleur était insupportable, mais maintenant, nous avons une paille éco-responsable comme alliée.
Par Paolo Falcone