S’étant tenue au Japon au Machida City Museum of Graphic Arts ainsi qu’au Ashikaga Museum of Art en 2017-2018, l’exposition « Les enfants de l’ère Meiji – À l’école de la modernité (1868-1912) » s’ouvre finalement en France cette année.
Comme nous avons pu le décrire dans notre article L’école au Japon dans notre numéro papier Japan Magazine n°13 (sortie prévue le 20 avril 2022), l’instruction tient une place centrale dans l’archipel nippon, comme dans de nombreuses autres sociétés. Elle construit les esprits d’un pays, s’adaptant aux besoins d’une époque, aux courants philosophiques et économiques d’une nation… cristallisant même parfois les peurs et les ressentis ! Le ministre de l’Education MORI Arinori (ère Meiji) ne fut-il pas justement assassiné à cause d’une politique trop progressiste pour son époque ?
Instruction des enfants à l’école primaire Nikutei Karyô 1874 Collection du Kumon Institute of Education
« L’histoire du jeu et de l’étude présentée dans cette exposition se poursuit de nos jours sans interruption. » Telle est la note de la conservatrice du Machida City Museum of Graphic Arts, Mme Kana Murase. « Les cours collectifs en salle de classe qui sont apparus à l’ère Meiji sont une institution aujourd’hui, et des jeux anciens comme l’origami ou le jeu de cartes bōzu mekuri sont encore très populaires auprès des enfants d’aujourd’hui. » Ainsi, « pour nous, Meiji est à la fois proche et lointaine. »
Il faut dire que l’ère Meiji est là où tout se bouscule pour le Japon. Le pays souhaite en effet moderniser ses infrastructures (ses moyens de transports comme son industrie) et son système éducatif. Vers 1873, le ministère de l’Éducation préconise par exemple la fabrication d’estampes (ukiyo-e) pédagogiques destinées à soutenir l’instruction des enfants au sein de leur foyer familial. Des estampes ludiques, telles que des livres de contes ou encore des « images-jouets » originaires de l’époque Edo (1603-1868), qui permettent d’apprendre en s’amusant – rappelant les images d’Épinal aux couleurs vives – connaissent également un regain d’intérêt. Enfin, des planches illustrées pour apprendre l’anglais se multiplient au même moment, preuve que le Japon a la ferme intention de s’ouvrir au monde et d’échanger avec l’Occident.
Apprendre à lire l’anglais Shôsai Ikkei 1872 Collection du Kumon Institute of Education
L’exposition esquisse donc le « portrait des enfants japonais qui ont grandi à la fin du XIXe siècle, à un moment charnière de l’histoire du Japon où la modernisation et l’ouverture à l’Occident métamorphosent le visage du pays ». La fin de l’exposition propose justement de découvrir une partie de l’œuvre du dessinateur français Georges Bigot, qui a immortalisé cette époque de grandes mutations.
Informations sur l’évènement :
Dates : du 30 mars au 21 mai 2022
Lieu : Maison de la culture du Japon (Paris)
Des activités et des présentations de kamishibai (« théâtre de papier ») seront proposés pour le jeune public.
Visite de presse en preview : le mardi 29 mars 2022 dès 9h30
Conférence de Kana Murase, commissaire de l’exposition et conservatrice au Machida City Museum of Graphic Arts : le mardi 29 mars à 18h | réservation à partir du 1er mars sur www.mcjp.fr.
Par Léa van Cuyck