Nous avions déjà évoqué quelques exemples graphiques présents dans les webtoons dans un précédent article, et nous allons poursuivre cette analyse aujourd’hui.
Dans notre première chronique, nous avions abordé trois codes graphiques très représentatifs de ce que nous pouvons voir dans les œuvres sud-coréennes en ligne : « la bulle qui attaque telle une flèche » pour représenter la violence d’une attaque verbale ou le degré de culpabilité de la personne concernée par la critique, « l’âme qui sort du corps », que nous apercevons lorsque le personnage n’a plus d’énergie ou vit une situation embarrassante, ainsi que « les oreilles en sang », lorsqu’une personne entend des propos moralisateurs, critiquant sa façon de vivre, ou caractérisant tout simplement le volume de la voix du protagoniste s’adressant à elle… Place maintenant à trois nouveaux codes graphiques !
Visuel Le Parfait Imbécile ⓒ navi, POP / SUPERCOMIX STUDIO Corp
Des pleurs… niagaresques !
Dans les webtoons, les manifestions émotionnelles sont souvent exagérées afin de créer un effet comique. Cela peut se voir lorsqu’une personne rougit violemment, des oreilles aux pieds, ou bien lorsqu’une personne est en colère, son corps étant alors représenté entouré de flammes ardentes ou de fumées noires. Et concernant les pleurs, la technique fonctionne bien également ! De nombreux personnages sont dessinés avec des larmes phénoménales, afin de montrer la profondeur de leur désarroi. Mais lorsqu’il s’agit de « pleurs intérieurs », qui correspondraient à une situation que l’on caractérise par l’expression « mourir de l’intérieur », ces larmes se rapportent davantage à une honte ou un embarras fugace, plutôt qu’à de la tristesse pure. Et le code graphique pour représenter cet état est alors différent : on dessine dès lors le personnage avec deux bandes blanches rectilignes censées représenter des torrents de larmes. Nous apercevons notamment Doha dans Le Parfait Imbécile de POP et Han Ji Hye, lorsqu’elle est dans l’avion en direction pour une école réservée aux familles les plus riches du monde…
Un cadre fleuri
Outre les personnages, les bulles de dialogue et les décors pour situer l’action, il y a parfois des trames neutres pour flouter volontairement les lieux d’action. D’autres fois, la trame revêt des formes géométriques, pour donner de la contenance à une scène, et c’est souvent pour lui conférant un effet cocasse. Mais lorsqu’il s’agit de mettre en avant l’aura séductrice ou rayonnante d’un personnage, l’auteur entoure généralement son héros ou son héroïne de multiples fleurs. Cela lui donne alors un éclat particulier, comme nous pouvons l’observer avec Élise dans A Howling Sacrifice The Wolf General’s Bride (chapitre 7) ou avec Sunghoon Choi dans le yaoi Bye Bye (chapitre 16).
L’usage de lignes verticales
Enfin, pour exprimer des émotions fortes dans les webtoons, des lignes verticales sont usitées. Elles permettent tantôt en fond de trame de montrer l’état d’esprit d’un personnage, comme dans Mon étrange vie de Chat, lorsque Ki Myo Hee voit son patron enfin s’intéressait à elle sous sa forme métamorphosée, alors qu’avant qu’il n’assiste à sa transformation il l’ignorait ostensiblement (chapitre 2) : nous voyons alors clairement des traits surplomber notre héroïne-chat, qui d’ailleurs a la tête baissée, tellement elle est dépassée par la situation. Les traits verticaux permettent également de rendre compte de l’intensité de l’état émotionnel d’un personnage, comme Dongbaek dans The President Who Always Treats Me Meals (chapitre 4), lorsqu’il apprend que sa vie est liée à celle de son patron, leurs destins liés à une boucle de réincarnations, tantôt incarne une certaine pesanteur : les traits sont alors dessinés directement au niveau de la partie supérieure de son visage, couplé avec une nuance grisâtre, accentuant son sentiment de peur et d’angoisse.
Alors, avez-vous déjà vu ces codes graphiques au sein de vos lectures ?