Jusqu’au 28 janvier 2024, sous les arcades de Place de Vosges, l’espace Sylvie Rielle nous fait découvrir l’art ancestrale du peuple Aïnou.
Le peuple aïnou, l’un des groupes autochtones de l’archipel japonais, réside depuis les temps anciens dans l’extrême nord du Japon, en particulier sur l’île d’Hokkaido. Leur riche histoire et leurs traditions uniques se sont perpétuées malgré des relations souvent complexes avec l’État japonais central. Au fil du temps, les Aïnous ont été progressivement contraints d’adopter les coutumes japonaises, mais leur culture continue de subsister et de se transmettre de génération en génération.
© Nibutaniainucraft
Les Aïnous croient que chaque élément de la nature abrite une âme, ce qui explique leur respect unique pour l’environnement. Cela est particulièrement vrai dans le quartier de Nibutani, situé dans la ville de Biratori, le long de la côte sud-est pacifique de la région de Hidaka, où serpente la rivière Saru. C’est ici que les arts et traditions aïnous sont préservés et transmis. Selon la légende, le kamuy (déité dans la langue aïnou) Okikurumi, serait descendu du ciel sur la rivière Saru et aurait enseigné aux Aïnous l’art de la chasse et de la fabrication d’outils.
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Aujourd’hui, Nibutani reste le coeur de cette expertise, qui prend de plus en plus d’envergure, avec le Nibutani Ainu Craft Project. Depuis 2020, il a pour but de créer des produits pour l’usage quotidien, en respectant la tradition. Ce projet est né de la collaboration des artisans locaux, avec la participation de la célèbre designeuse Junko Koshino, en tant que directrice générale.
L’exposition à l’espace Sylvie Rielle est une synthèse de la liasion entre tradition et usage moderne de ces produits. Différents objets y sont exposés dont :
– Le Nibutani « Attus » ou le « tressage torsadé » qui est typique du textile de cette région. Pendant l’époque d’Edo (1603-1867), ces étoffes étaient une monnaie d’échange avec le mainland japonais.
– Le Nibutani « Ita », ou les « plateaux en bois » qui ont une longue histoire entrelacée avec le bassin de la rivière Saru. Les motifs de base comprennent les morew-noka (spirales), les ay-us-noka (forme d’épine) et les sik-noka (forme d’oeil). Outre leur usage quotidien, ces modèles ont été présentés à la cour du Shogunat Tokugawa.
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La principale nouveauté de l’exposition est la récente collaboration avec l’entreprise Nousaku, située dans la ville de Takaoka, dans le département de Toyama. Forts de plus d’un siècle d’expérience dans le travail des métaux, ils présentent la collection de table « i-sapte« , mot aïnou signifiant « hospitalité ». Leur particularité réside dans le fait qu’ils n’ont ni face avant ni arrière, permettant une utilisation des deux côtés. Les artisans visent à créer un équilibre parfait entre conception et fonctionnalité, améliorant ainsi la facilité d’utilisation.
Sous la direction de Junko Koshino, la vaisselle en étain s’articule autour de deux concepts : celui du « rond », symbolisant les éléments auto-créés comme la nature, la terre et l’espace, et celui du « carré », représentant les créations issues de la réflexion humaine.
© Nibutaniainucraft
La deuxième nouveauté, ce sont les stylos-plume, appelés Inuye (qui signifie « écrire » en aïnou). Ces stylos s’inspirent du makiri, un couteau traditionnel aïnou. Dans la culture aïnou, le makiri est un vecteur de messages. La collaboration entre Nibutani et Nousaku met en valeur ce concept de transmission à travers le nom « Inuye« , soulignant ainsi l’importance de la culture du don dans leur tradition.
Qu’attendez-vous ? Une autre âme japonaise, où la nature et l’esprit humain cohabitent en harmonie, se dévoile à vous.
INFORMATIONS PRATIQUES :
Lieu : Espace Sylvie Rielle, 10 Place de Vosges, 75004, Paris
Date et horaires : du 24 janvier au 28 janvier 2024, de 11h à 19h
Entrée gratuite
Image de couverture : © Nibutaniainucraft
Par Paolo Falcone