Le 20 septembre 2023, le Musée National des arts asiatiques de Paris a accueilli une nouvelle exposition photographique qui nous emmène au cœur du Japon des exilés intérieurs.
L’exposition présente une série d’œuvres intitulée « Hakanai Sonza » : « Je me sens moi-même une créature éphémère. »
Elle est le fruit d’une enquête immersive réalisée par le photographe français Pierre-Elie de Pibrac lors d’un séjour de 8 mois au sein de l’archipel japonais, entre décembre 2019 et janvier 2020.
Éloge de l’ombre
Au deuxième étage du Musée Guimet vous attend un triptyque anthropologique débuté à Cuba entre 2016 et 2017, qui atteindra son apogée en Israël en 2024. Elle a d’ores et déjà reçu une reconnaissance internationale, lauréate du Taylor Wessing Prize de la National Portrait Gallery de Londres en 2021 et du Prix Levallois de la jeune création photographique internationale en 2018 pour son projet « Desmemoria. »
Pierre-Elie de Pibrac a une approche particulière de la photographie. Se situant à mi-chemin entre la tradition du reportage humaniste et la photographie plasticienne, l’artiste reconnait lui-même avoir découvert sa passion pour la photographie après des études de finances. Il considère cette pratique comme « un prétexte pour explorer l’inconnu et donner ainsi une voix à ceux qui ne peuvent pas exprimer leur singularité. » C’est en grande partie pour cela que l’une des caractéristiques de cette exposition est la mise en lumière des hikikomori, ces individus à l’écart de la société japonaise.
« Hakanai Sonza » est divisée en deux parties distinctes, l’une en couleur et l’autre en noir et blanc. Selon Pierre-Elie de Pibrac, « le noir et blanc permet de poser le contexte tandis que la couleur représente la réalité. »
Cette approche offre la possibilité de choisir notre propre chemin durant l’exposition. En effet, il n’existe pas de cadre établi : Sentez-vous libre de débuter ce voyage immersif où vous le souhaitez.
Pierre-Elie de Pibrac décrit l’exposition comme une « galerie de portrait » offrant un aperçu intime du Japon, des moments fugaces dans la vie des hikikomori et des paysages qui reflètent la beauté fragile du monde. Au sein d’un cadre sombre, en clin d’œil à la fascination culturelle du Japon pour les ténèbres, l’artiste nous invite à réfléchir sur notre propre rapport à la société et à la nature.
Ouvert au public depuis cette semaine, « Portrait éphémère du Japon » vous attend au deuxième étage du Musée Guimet jusqu’au 15 janvier 2024.
Arnaud Dal-Mas