Le ver à soie tensan est un ver à soie sauvage originaire du Japon, qui a la particularité de tisser un fil naturellement vert…
On dit que l’élevage des vers à soie tensan a commencé vers 1781 dans la ville d’Azumino. Des habitants auraient alors commencé à récolter des œufs de vers à soie sauvages – qui ont une écologie différente de celle des vers à soie domestiques – dans les fourrés, pour les élever et en extraire le fil. Cette activité évolua alors au fil des décennies : par exemple, durant l’ère Kaei (1848-1853), une technique fut développée pour extraire la soie grège des cocons des vers à soie. Durant la période Meiji, une machine à pédale pour enrouler la soie grège a été créée, permettant d’extraire efficacement la soie des vers à soie naturels.
Vers 1897, jusqu’à 8 millions de cocons étaient produits en un an, principalement dans la région d’Ariake, faisant rentrer l’élevage du ver à soie sauvage dans son époque la plus prospère. Malheureusement, en 1902, une maladie s’est répandue, réduisant le nombre de vers à soie sauvages élevés. Malheureusement, en raison des chutes de cendres provoquées par l’éruption du Yakedake en 1915, puis du déclenchement de la Seconde guerre mondiale plus tard, l’élevage des vers à soie sauvages s’arrêta progressivement.
En 1973, l’ancienne ville de Hotaka, craignant que son fil de soie ne devienne un « fil fantôme », a cependant persuadé des agriculteurs qui n’avaient aucune expérience en matière d’élevage de relancer ce savoir-faire local. L’objectif était alors de restaurer l’industrie de la soie de Tensan, et de transmettre aux générations futures les techniques et les traditions de l’élevage et du dévidage des fils de soie.
Les étapes
Les œufs de papillons sont récoltés pour la production de soie de l’année suivante lors de l’étape appelée cho-awase. Les œufs sont obtenus après la reproduction d’un mâle et d’une femelle placés sous un panier en bambou (cho-kago), sachant que chaque femelle a la capacité de pondre jusqu’à 200 œufs, et ce en seulement quelques heures. Les œufs « crus » (furitane), de forme aplatie et sphérique, sont ensuite « collés » à l’aide d’une glue naturelle sur du papier en petites colonies, une étape appelée noritsuke. On place enfin — lors de l’étape yamatsuke — les œufs sur des branches. Les œufs écloront par la suite vers la mi-mai.
Au stade larvaire, le ver tensan, dont le corps et la tête sont légèrement brun noirâtre, se nourrit de feuilles de chênes japonais et grandit progressivement jusqu’à atteindre cinq « mues » espacées chacun d’elle par une phase de « sommeil ». Les vers une fois au stade 4 et 5 affichent alors un coloris verdâtre. À ce moment-là, le ver arrêtera de s’alimenter pour commencer à produire son cocon, afin de produire un fil continu et régulier. Une fois terminés, les cocons sont récoltés et séparés des feuilles, avant d’être bouillis dans l’eau. Ce processus permet alors de dissoudre une protéine appelée séricine, facilitant ainsi l’extraction du fil du cocon, étape qui sera celle du dévidage.
Le fil fabriqué par le ver à soie tensan est appelé le « diamant du textile » en raison de son éclat brillant et gracieux. Sa couleur vert émeraude naturelle a de plus l’avantage d’être plus difficilement vue par les prédateurs. Ce fil, produit en très petite quantité, est célèbre pour être une soie de très haute qualité.
Le saviez-vous ?
La soie naturelle du ver à soie est composée de 18 des 20 types d’acides aminés (protéines) qui composent la peau humaine, possédant ainsi des propriétés très similaires à celles de la peau humaine. L’ingrédient principal du fil des vers à soie naturels est la fibroïne, une protéine qui enveloppe la peau dans un film fin sans pour autant empêcher la peau de respirer, favorisant ainsi la pénétration des principes actifs. Elle coupe également les rayons ultraviolets nocifs : le cocon a d’ailleurs comme rôle de protéger les vers à soie contenus à l’intérieur des rayons ultraviolets.Lafibroïne possède un tel pouvoir hydratant qu’elle est utilisée, comme la séricine, dans de nombreux produits cosmétiques, notamment dans les produits anti-rides.
Les attentes envers la soie sont également grandes dans le domaine de la médecine régénérative. La soie ayant une composition très similaire à celle de la peau humaine, les sutures réalisées avec ce matériau naturel sont par conséquent peu susceptibles d’être rejetées par le corps. Divers développements progressent en parallèle, notamment la régénération des vaisseaux sanguins fragilisés par l’hypertension artérielle, les cornées artificielles, la peau, les tendons et les lentilles de contact.
Site Internet : https://azumino-tensan.jp/index.html