Ce jeudi 10 octobre 2024, le prix Nobel a été décerné à la sud-coréenne Han Kang. Autrice de romans, nouvelles et poèmes, elle a été récompensée pour « sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine. » Cela fait d’elle la première femme sud-coréenne à recevoir ce prix. À cette occasion, nous vous proposons de revenir sur son parcours et ses œuvres les plus marquantes.
Le prix Nobel de littérature récompense de brillants écrivains pour leurs œuvres, sans distinction de nationalité. Remis pour la première fois en 1901, il est décerné chaque année depuis. Selon les mots d’Albert Nobel, le prix doit revenir à « l’auteur de l’ouvrage littéraire le plus remarquable d’inspiration idéaliste. »
Han Kang
Née à Gwangju le 27 novembre 1970, Han Kang baigne depuis toute petite dans la littérature puisqu’elle est la fille du célèbre écrivain Han Sung-won. C’est avec son roman La Végétarienne, lauréat du prix international Booker 2016, qu’elle commence à être reconnue internationalement. Elle a reçu le prix Médicis en 2023 pour son dernier roman paru en France chez Grasset : Impossibles adieux.
La Végétarienne
Divisé en 3 parties, ce roman raconte l’histoire de Yonghye, à travers 3 voix. Dans la première partie, son mari relate comment son épouse, après avoir décidé de stopper toute consommation de viande et de se “végétaliser”, se coupe petit à petit du monde, refusant toute relation sociale et sexuelle. La deuxième partie expose le point de vue du beau-frère de Yonghye, obsédé par le corps et la tache mongoloïde de cette dernière. Vidéaste amateur, il désire à tout prix peindre son corps et réaliser une vidéo d’elle. Dans le volet final, la grande sœur, Inhye, est narratrice. Elle prend en charge l’hospitalisation psychiatrique de Yonghye.
Ce récit d’une violence inouïe dénonce les diktats abusifs de la société sud-coréenne et l’ostracisation de ceux qui refusent de s’y plier. Une adaptation cinématographique a été réalisée en 2009, par Lim Woo-Seong. Une adaptation par Daria Deflorian au théâtre de l’Odéon (Ateliers Berthier, 17e arrondissement de Paris) est prévue du 9 au 16 novembre 2024 dans le cadre du Festival d’Automne 2024 (pour réserver : https://www.theatre-odeon.eu). NB : la pièce sera jouée en italien et surtitrée en français.
Impossibles adieux
Un jour de décembre, Gyeongha est contactée par son amie Inseon, qu’elle n’a pas vue depuis longtemps. Celle-ci lui annonce qu’elle est hospitalisée à Séoul, après s’être grièvement blessée à la main. Elle lui demande de se rendre chez elle pour s’occuper de son perroquet blanc, qui risque de mourir s’il n’est pas nourrit dans la journée. Cependant, Inseon habite dans le sud, à Jeju qui se trouve à plusieurs heures d’avion de la capitale. En se rendant sur place, Gyeongha sera confrontée à une terrible tempête de neige, mettant son existence en danger…
Ce roman traite du massacre en 1948 et 1949 de 30.000 personnes sur l’île de Jeju, et des victimes tombées dans l’oubli.
Celui qui revient
À travers différents points de vue et personnages, Han Kang raconte l’épisode traumatisant du soulèvement de Gwangju, révolte populaire en réaction au coup d’Etat militaire du 17 mai 1980. La répression fut impitoyable : à Gwangju on estime les morts à 600 et 2000 sur environ 200 000 manifestants. Beaucoup de ces derniers furent envoyés en camp de rééducation.
Han Kang avait 9 ans au moment des faits. Dans la continuité de son œuvre, elle dénonce la cruauté sans limite de l’Homme.
Par Anaïg Paressant