Dans son premier livre autobiographique L’insignifiante, disponible aux éditions La Kainfristanaise, Adama Sissoko nous dévoile le “rêve américain” qu’elle a vécu, et les coulisses de l’hôtellerie de luxe. Après les États-Unis, elle décide de déménager au Japon et y passe 3 ans en tant que professeure d’anglais. C’est le sujet de son nouveau roman Japan Rhapsody, qui sortira fin novembre. Elle se livre sur les difficultés à s’intégrer dans la culture japonaise en tant qu’étrangère. Découvrez le Japon sous un nouveau jour, avec un récit authentique et sans filtre !
À l’occasion de cette sortie littéraire, nous avons voulu en apprendre plus sur Adama Sissoko et son histoire…
Japan Magazine : Lors d’une interview avec Laurence Flez-Renaudin, dans le podcast HAPPY PSY et AUTEURE, vous racontez que votre métier en hôtellerie de luxe était passionnant mais exténuant, ce qui vous a amené à quitter le milieu. Pourquoi choisir le Japon comme nouvelle destination ? Une opportunité s’est-elle présentée un peu par hasard, ou rêviez-vous depuis longtemps d’y vivre ?
Adama Sissoko : À vrai dire, tout est parti d’une offre d’emploi en Thaïlande. On cherchait un professeur d’anglais et j’ai passé un entretien. Après réflexion, je me suis rendue compte que cette destination ne m’intéressait pas vraiment, mais une aventure en Asie semblait être une bonne idée. J’ai donc cherché des destinations où ce métier était très demandé, et le Japon figurait parmi les options. J’ai alors opté pour un visa vacances-travail et embarqué mon copain dans l’aventure. Nous sommes partis à deux.
Japan Magazine : Étiez-vous familière avec la langue et la culture nipponne ? Quel a été le plus grand choc culturel que vous ayez expérimenté ? Comment s’est déroulé votre apprentissage du japonais ?
Adama Sissoko : J’ai grandi dans les années 1990, et j’ai passé beaucoup de temps à regarder des anime au Club Dorothée, puis à lire des manga, surtout au lycée. Férue d’histoire, je m’intéressais beaucoup à l’époque féodale du Japon, en particulier à l’ère Edo.
Mon plus grand choc culturel a probablement été la place de la femme dans la société. Il a fallu composer avec cette réalité. Il y a eu des moments délicats, mais quand on arrive dans un autre pays, il faut savoir s’adapter. Je n’étais pas là pour imposer mon point de vue.
Concernant la langue, je n’y connaissais pas grand-chose avant mon départ. J’ai quand même pris quelques cours à Paris, histoire de connaître des phrases basiques. Je me disais que j’apprendrais plus sur place. Cela s’est avéré beaucoup plus compliqué que je ne l’avais anticipé !
J’ai appris les hiragana, katakana et quelques kanji. Ensuite, cela s’est fait progressivement avec des amis japonais et des cours au centre international. À Nagoya, où j’étais au début, il y a aussi le Nagoya-ben, un dialecte et un accent différent. Aujourd’hui, je serais incapable de dire que je maîtrise la langue, même si je peux tenir une conversation simple. Je continue toujours à l’apprendre !
Japan Magazine : Quels aspects de la culture japonaise vous ont le plus transformée en tant que personne ? Diriez-vous que cette expérience vous a profondément changée ?
Adama Sissoko : Ce que l’on ressent et vit au Japon reste assez intangible pour moi. Je suis persuadée qu’on évolue, mais que notre « moi profond » ne change pas. Le Japon m’a apporté, malgré quelques épisodes cocasses, beaucoup de sérénité. Principalement une sérénité dans le quotidien, une charge mentale qui disparaît presque. Comme leur modèle de société est plus communautaire qu’individualiste, on fait globalement attention à ne pas froisser l’autre, à être poli en toutes circonstances. Mais cela implique aussi de s’oublier un peu. Étant de nature spontanée et vive, cela m’a rendue plus posée, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose.
Japan Magazine : En rentrant du Japon, a-t-il été dur de se réadapter à la vie en Europe ? Pourquoi ?
Adama Sissoko : Où sont les konbini ? Trêve de plaisanterie… En général, il me faut six mois pour me reconnecter à la vie en France après un séjour à l’étranger. Autant revenir des États-Unis était difficile, mais cela restait un pays occidental, mais revenir du Japon donnait l’impression d’un choc culturel inversé. Il fallait se réadapter à la culture française, et dans mon cas, sénégalaise, et reprendre des codes sociaux qu’on avait mis en sourdine. Ce n’était pas difficile en soi, mais la vie en Europe est forcément plus chaotique, moins lisse et posée. Ce manque de rigidité est parfois agréable.
Japan Magazine : À l’avenir, envisagez-vous de continuer à écrire des ouvrages autobiographiques ou aimeriez-vous vous tourner plutôt vers la fiction ?
Adama Sissoko : Non, ce sera mon dernier livre autobiographique. À vrai dire, je n’avais pas prévu de l’écrire, mais mon premier livre se termine par l’annonce de mon départ au Japon. Beaucoup de lecteurs m’ont demandé la suite, la voici donc.
J’ai deux autres projets en cours : un petit livre de contes africains, transmis de génération en génération dans ma famille, et une trilogie de High Fantasy.
Informations :
Japan Rhapsody
De Adama Sissoko
Date de parution : 28 novembre 2024
Prix : env. 16 €
Roman en autoédition
Par Anaïg Paressant