Aujourd’hui, nous allons vous présenter l’œuvre Le petit livre des hanja de Charles Emmanuel Veillard, qui plaira avec certitude aux francophones qui se sont lancés, ou se lancent, dans l’apprentissage de la langue coréenne !
Afin de découvrir l’histoire derrière la création de ce livre, nous avons posé quelques questions à son auteur :
Bonjour. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour nos lecteurs ?
Bonjour, merci pour cette interview. Je suis professeur de coréen et FLE. Je suis également doctorant en linguistique du coréen à la Sorbonne. Je travaille sur l’enseignement des hanja en Corée et les méthodes pour les enseigner à des étrangers.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans la création d’un livre sur les hanja ?
J’ai vu par hasard en librairie Le petit livre des kanji, pour les francophones qui apprennent le japonais. Il est tellement bien fait pour ce format, je me suis dit qu’il serait très utile de l’adapter pour les hanja en coréen. Je m’y intéresse de très près depuis une vingtaine d’années et j’ai constaté qu’à part le Dictionnaire des caractères sino-coréens de Li Jin-mieung (je travaille à sa refonte complète, afin de proposer une mise à jour corrigée et augmentée) et l’application Hanja (dont je suis coauteur avec notamment Li Jin-mieung), il n’existe rien (à ma connaissance, en français), aucun manuel pour initier les francophones s’intéressant à la Corée. Avec l’explosion de la hallyu (qui est d’ailleurs en hanja) depuis plus de 10 ans, c’est un concours de circonstances. J’ai proposé le projet à un éditeur que je connaissais, spécialisé dans les études coréennes et parlant la langue. Comme il était intéressé, nous avons décidé de travailler ensemble.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans votre entreprise ?
Plus que des difficultés, des contraintes techniques. Je parlais du Petit livre des kanji, qui m’a servi de déclencheur. J’ai vu comment il a été écrit, j’ai essayé initialement de parler des types de hanja, mais expliquer leurs principes de constitution est rapidement devenu inutilement technique pour des débutants. Nous avons décidé, avec mon éditeur, de supprimer toute cette partie, pour clarifier l’ensemble du manuel. Au lieu de sélectionner les hanja sur les critères d’importance de fréquence, en gardant les 150 parmi les plus utilisés, j’ai préféré prendre les deux premiers niveaux de l’examen de capacité de connaissances des hanja (8 et 7), qui contiennent à la fois des hanja basiques, très utiles et très usuels. L’ensemble en donnait aussi 150.
Il a fallu également détailler l’ordre d’écriture des traits. Une de mes amies, une Française, a pu les réaliser. Le maquettiste s’est ensuite chargé de la mise en page.
Les explications étymologiques, dont je suis pourtant très friand, étaient parfois un vrai casse-tête sino-coréen à traduire. J’ai préféré, quand elles étaient trop techniques, ne rien marquer.
Enfin, j’ai eu comme critère de me limiter, pour les exemples du vocabulaire, à des mots formés uniquement avec les 150 hanja. Je n’ai donc pas pu mettre hallyu, Samsung ou encore Taekwondo.
Sur quelles ressources vous êtes-vous appuyé pour réaliser votre ouvrage ?
J’ai utilisé principalement :
- le Nouveau dictionnaire coréen-français sur mon dictionnaire électronique, en regardant à la prononciation en coréen si le hanja sur lequel je travaillais en première syllabe formait des mots utiles pour les débutants
- le Grand dictionnaire chinois-coréen gyohak, qui contient 37 823 hanja avec beaucoup d’exemples de vocabulaire et de renvois entre les hanja
- le Dictionnaire Donga baengnyeonokpyeon (si je tente de traduire le titre de manière compréhensible, « le dictionnaire de cent ans »), qui contient 16 000 hanja et 65 000 exemples de vocabulaire, avec un système de renvois entre les hanja similaire à celui du Grand dictionnaire chinois-coréen gyohak.
Je me suis aussi servi du Dictionnaire clair et net des mots sino-coréens Donga (j’ai fait de mon mieux pour traduire le titre), il contient 3 000 hanja et 18 000 exemples de vocabulaire, en format de poche.
Enfin, j’ai consulté le Dictionnaire classique de la langue chinoise de Séraphin Couvreur, qui contient autour de 20 000 caractères et le Grand dictionnaire chinois-français Ricci qui contient 13 500 caractères.
Enfin, quels sont vos projets pour la suite ?
Je continue de travailler sur ma thèse, sur le Dictionnaire des caractères sino-coréens et des manuels de coréen pour débutants francophones.
Merci !
Nous souhaitons une bonne lecture aux futurs apprenants de la langue coréenne, ainsi qu’autres grands curieux !