Connaissez-vous le Nō, cet art qui a traversé les millénaires dans l’Archipel japonais quasiment intact ?
Nous avons eu la chance de pouvoir assister à une représentation au Théâtre de Noh Hosho. Nous sommes arrivés 30 minutes avant le début de la présentation, afin d’avoir le temps de prendre notre billet d’entrée et de voir si nous pouvons sélectionner un siège bien placé.
Une fois le billet en notre possession (tarif : 5 500 yens, soit ~35 €), nous nous dirigeons vers les portes donnant sur la salle où vont se dérouler les performances. Le placement est libre, nous permettant de choisir une place dans l’angle du butai, la scène traditionnelle principale. Nous avons ainsi une vue parfaite sur la scène où vont se produire les acteurs, mais également sur le « couloir » (numéro 4 sur le schéma ci-dessous) qui relie cet espace aux coulisses.
Schéma fourni par le Théâtre lors de la remise du billet d’entrée.
Depuis notre siège, nous attendons le début de la première pièce, une représentation de Nō intitulée Takasago. La salle se remplit peu à peu, jusqu’à ce qu’une musique retentisse, annonçant le début du premier acte théâtral. La musique dure deux ou trois minutes avant de s’éteindre, ayant ainsi obtenu un silence solennel dans la salle. Puis, le son des flûtes et des percussions se fait entendre, prémisses de l’arrivée des artistes : les musiciens et le chœur prennent place sur la scène principale, tous prenant la pause en seiza. C’est ensuite au tour des premiers performeurs de faire leur entrée, tous revêtant de magnifiques costumes : pantalons larges et plissés (袴 hakama), manches longues arborant un lacet tombant et couvre-chefs originaux forment un ensemble singulier, mais fort esthétique. Un son de flûte strident retentit alors tout à coup, annonçant l’arrivée imminente des prochains acteurs, l’un masqué, l’un tête nue. Ils s’avancent, puis se font face au niveau du hashigakari, un moment qui semble s’étendre à l’infini. Ils finissent par rejoindre le butai, mais les gestes sont ralentis à l’extrême. Les pas se font sans bruit, comme glissés sur le parquet. Puis, enfin, l’avant-dernier protagoniste fait son entrée, annoncé par un changement de rythme dans le tempo musical. Le dernier acteur, masqué, et arborant un couvre-chef pourvu d’ailettes noires, fera son apparition plus tard.
Bien que les dialogues ne nous furent pas intelligibles, nous surent apprécier l’aspect scénique de la représentation. Mais notre découverte des arts théâtraux ne s’arrêtent pas là, car sitôt cette pièce de nô est-elle terminée, qu’une nouvelle pièce nous est présentée : il s’agit cette fois-ci d’une pièce de kyogen. C’est une pièce beaucoup plus légère, mettant en scène des personnages expressifs, qui ont même réussi à tirer des sourires et des rires discrets au public tant leurs mimiques étaient drôles. L’humour n’a pas besoin de langue pour être compris, c’est certain !
Après cet interlude comique, nous enchaînons avec une nouvelle représentation de nō. La pièce s’intitule alors Kakaji. Cette composition de deux pièces de nô entrecoupées d’une pièce de kyogen est la mise en scène typique. Ces deux arts, le nō et le kyogen, sont en réalité issu du même carcan : le sarugaku (猿楽), une forme de théâtre populaire né au Japon au XIe siècle. Cet ensemble de nos jours est connu sous le terme de nōgaku.
Nos conseils : nous vous recommandons d’assister à une représentation de cet art afin de vous immerger dans la culture et les traditions artistiques du Japon. Cependant, l’ensemble des trois pièces durent près de 3 heures, ce qui peut être un peu long, que ce soit pour les adultes comme pour les enfants. Vous pouvez alors choisir d’assister à une ou deux pièces selon votre convenance ou vos préférences. De nombreuses personnes ne vinrent assister qu’à un spectacle, s’éclipsant discrètement dès la fin des performances, tandis que d’autres reprenaient ces places laissées vacantes quelques secondes à peine après le départ des précédents spectateurs.
A savoir : les photos ne sont pas autorisées dans la salle pendant les performances.
Informations :
Site Internet du théâtre : http://www.hosho.or.jp/
Page des représentations : http://www.hosho.or.jp/nohgakudo_schedule/