Jusqu’au 25 novembre, ne manquez pas la 11ème édition de « Synergie entre tradition et modernité : l’artisanat local japonais à la pointe de l’innovation », à la Maison de la culture du Japon, en partenariat de CLAIR.
Après le grand succès du mois d’octobre dernier à la Cité international de la gastronomie et du vin à Dijon, la Maison de la culture du Japon accueille le fleuron de l’artisanat japonais, en collaboration avec CLAIR (centre japonais des collectivités locales).
L’an 2014 courait, lorsque l’envie de vouloir faire connaître au grand public les joyaux de l’artisanat japonais prenait d’importance. La même année CLAIR et la MCJP ont décidé de concrétiser ce souhait et de faire participer douze départements japonais. Aujourd’hui, le numéro de participants a doublé, jusqu’à arriver à 26 participants !
En quoi cette exposition consiste-t-il exactement ? Nous reprenons les mots du Directeur de la MCJP, Hitoshi Suzuki, qui a affirmé lors de l’inauguration que « le but est de faire connaître le charme des régions japonaises ».
Du département de Yamagata au département de Kumamoto, vous parcourrez l’art de l’artisanat japonais en quelques minutes. Outre la production japonaise, le deuxième fils rouge de l’exposition réside en trois concepts chers à la culture nippone : l’habillement (i 衣 en japonais), l’art de la table (shoku 食) et l’habitat (jû 住).
Les Japonais entretiennent un rapport avec l’habit très intime, qui se traduit dans la fabrication de chaussettes fabriquées à la façon garabô dans la ville de Kôryô à Nara, ou bien dans les étoffes en soie tissées à Tango depuis 1300 ans (ville de Yosano, département de Kyôto), aux coloris élégants. Cet amour pour les tissus existe au Japon depuis toujours. Sei Shônagon, dame de la Cour de Heian (794 – 1185), en cite un exemple dans son livre Notes de chevet (Makura no sôshi 枕草子). Lorsqu’elle parlait de la visite à l’empereur de Fujiwara no Korechika, elle analyse sa parure et celle des dames de la Cour : « Vers midi, arriva le Seigneur premier sous-secrétaire d’Etat. Il portait un manteau de cour, couleur de cerisier, à peine assoupli, et un pantalon à lacets, d’un violet sombre. Son blanc vêtement de dessous dépassait un peu et laissait voir un joli dessin cramoisi foncé. Derrière le store étaient les dames d’honneur, avec leurs amples manteaux chinois, couleur de cerisier, qu’elles laissaient retomber sur leurs épaules, leurs costumes couleur de glycine, de kerrie, de toutes les nuances aimées, dont beaucoup débordaient sous le store, qui pendait, jusqu’à mi-hauteur, devant l’entrée de la galerie du nord. […] »
De gauche à droite : Bizen (dép. Okayama ), collier en céramique de Bizen / Hiroshima (dép. Hiroshima), Bérets en tissu upcyclé de kimono © CLAIR Paris
Le styliste japonais Kenzo Takada pense que la nourriture doit s’accorder aux quatre saisons : avec sa dégustation et sa composition, elle nous rendrait heureux. Derrière l’artisanat des aliments au Japon, nous retrouvons ce soin : l’attention accordée à la nourriture et à la saison, et l’esthétique de la présentation d’une assiette. Néanmoins, le contenu n’est pas moins important que le contenant. Ne vous privez pas par conséquent de découvrir les bols à soba d’Echizen, réalisées depuis 850 ans, (ville de Fukui), employés également dans les restaurants de soba en France. Ou bien, les céramiques de Bizen (ville de Bizen, département d’Okayama), dont l’origine remonte à la période Kofun (entre le IIIe et VIIe siècles), fils de la poterie Sue.
De gauche à droite : Département de Tôkyô, coupe à saké en argent en forme de fleur de prunier / Ville de Kanazawa (dép. Ishikawa), bol ovale sumikeshi de feuilles d’or et de platine © CLAIR Paris
L’habitat n’est pas seulement le lieu des activités humaines, mais également un refuge. Les Japonais ont montrer que l’utilité n’exclue pas la beauté, ni l’inverse. En effet, vous aurez la possibilité de voir les tapis de souris réalisés avec la technique du feuillage d’or de Kanazawa (département d’Ishikawa), qui remonte à l’an 1593, lorsque le clan Maeda ordonna la production de feuilles d’or et d’argent. Encore, les portes encens de Sakai (ville de Sakai, département d’Osaka) avec l’encens d’Awaji – le lieu de naissance légendaire de l’encens japonais (département de Hyôgô), qui sont la combinaison parfaite pour donner une touche de parfum à votre maison.
Ville de Kumamoto (dép. Kumamoto), Sculpture daruma-fukurô (hibou) en onigawara © CLAIR Paris
Plongez-vous au sein de cette exposition qui nous fait voyager entre gadgets contemporains et outils dont la fabrication remonte à plusieurs siècles. L’artisanat japonais n’attend que d’être découvert en ces jours du « mois du givre », où les journées raccourcissent.
Par Paolo Falcone