Le week-end du 17 et 18 novembre, rendez-vous à la deuxième édition de Fenêtres sur le Japon à l’Inalco et à Paris Cité. Petit plus : c’est un événement complètement gratuit !
Que faire au beau milieu du mois de novembre (霜月 shimotsuki « mois du givre » en japonais, en suivant le calendrier lunaire ancien) sinon de se plonger pendant deux jours au sein de productions cinématographiques sur le Japon ?
En collaboration avec le CRCAO (Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale) et l’IFRAE (Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est), l’Inalco et Paris Cité lancent la deuxième édition du festival des films japonais appelé Fenêtres sur le Japon. Le festival est né d’un constat : entre sciences sociales et films-documentaires existent un lien de croisement, avec comme point d’encrage, le Japon. C’est une occasion unique pour voir des documentaires et des histoires inédites mettant en scène le monde nippon.
L’édition de cette année est composée par 5 film-documentaires. Le premier s’intitule « Soupe et Idéologie »(「スープとイデオロギー」) de Yang Yong-hi, et parle de l’histoire de sa famille rescapée en 1948 de l’île Jeju, après l’occupation étatsuniennes. Ce documentaire prend forme d’une grande anamnèse entre un passé tragique et un présent où on tente de retracer les morceaux d’une histoire brisée et morcelée.
© 2021 PLACE TO BE. Yang Yonghi
Le deuxième film-documentaire s’intitule « Education et Nationalisme » (「教育と愛国」), dont la réalisatrice est Saika Hisayo. Elle montre le changement des programmes scolaires d’histoire et de sciences sociales dans les écoles sous les deux gouvernement ABE. Tout commence avec le souci de se détacher d’une vision occidentale des programmes scolaires, ce va déboucher sur des séquelles plus profondes : les maisons d’éditions vont par exemple tenter de réécrire l’histoire des « femmes de réconfort » coréennes.
©2022映画「教育と愛国」製作委員会
Le troisième s’appelle « Tokyo Uber Blues » (「東京自転車節」) et a été réalisé par Aoyagi Taku. Ce documentaire autobiographique nous montre une Tokyo pendant la pandémie de Covid-19. Taku se retrouve endetté et au chômage, et part pour Tokyo pour travailler pour UberEats. Il dénonce avec autodérision le nouvel type de « capitalisme de plateforme » et son impact sur les relations humaines.
© 2021 水口屋フィルム/ノンデライコ
Le quatrième est « My Storty, the Buraku Story » (「私のはなし部落のはなし」) a été réalisé par Mitsukawa Yûsaku. Ce documentaire va toucher une partie intime et sécrète de l’histoire japonaise. Il parle de l’histoire des gens du hameaux (burakumin 部落民) qui, depuis l’époque d’Edo ( 1600-03 – 1868), ont été marginalisés et discriminés par la société nippone. Encore aujourd’hui, bien que les textes de lois n’emploie plus ce mot discriminatoire depuis 1871, cette division est ancrée dans les esprits japonais, et mène à pas mal de questionnements, dont notamment : pourquoi persiste-t-elle ? Le but de Mitsukawa est d’y répondre à travers l’histoire, et de pouvoir donner de la visibilité à ces « invisibles ».
©『私のはなし 部落のはなし』製作委員会
Le dernier documentaire est « Tokyo Kurds » (「東京クルド」) de Hyûga Fumiari. Le réalisateur montre le grand problème de l’acceptation des réfugiées politiques au Japon, en partant du constat qu’en 2019, seulement le 0.4% des réfugiées ont obtenus le statut (soit 44 sur plus de 10 000 candidats). A travers cinq interviews, le documentaire se focalise sur le quotidien de cinq personnes kurdes qui tentent de mener une vie normale, comme tous les autres.
© 2021 Documentary Japan Inc.
Chaque film-documentaire sera suivi d’un débat avec un jury cinéma (Christophe Postic, Ina Seghezzi,Franck Vidalet,) et un jury science sociale (Jeremy Corral, Titouan Poënces, Kanae Sarugasawa) qui aura également le rôle de décerner le deux prix à l’issue du festival.
Si vous avez envie de découvrir une autre facette du Japon, une facette submergée et marginalisée du pays du Soleil Levant, ne ratez pas cette occasions !
Par Paolo Falcone