Durant la saison hivernale, trouvez du réconfort dans les parfums et la chaleur de l’architecture japonaise au sein de la Maison de la culture du Japon, avec l’exposition intitulée : L’art des charpentiers japonais . Au cœur de l’architecture en bois traditionnelle.
Avez-vous envie de plonger dans une temporalité japonaise suspendue ? La Maison de la culture du Japon, cet automne, vous offre l’opportunité de le faire, avec l’exposition L’art des charpentiers japonais : Au cœur de l’architecture en bois traditionnelle, en partenariat avec le Takenaka Carpentry Tool Museum. Dès l’entrée, le parfum de la maison traditionnelle japonaise vous énivrera et vous transportera ailleurs, entre nostalgie pour les connaisseurs, et pure découverte pour les nouveaux venus.
Le voyage commence avec le matériel à la Une de cette exposition : le bois. Depuis les temps anciens, les japonais entretiennent un rapport de proximité avec la forêt, les arbres et le bois. Les charpentiers (daiku 大工) et les bûcherons ont depuis longtemps un rapport privilégié avec la forêt, car c’était pour eux la principale source de construction.
Au sein de l’exposition, vous trouverez plusieurs type de variété d’arbres, dont quatre considérés comme le plus important. le cyprès du Japon (hinoki 檜), dont le bois est capable de résister pendant plus de mille ans, le cèdre du Japon (sugi 杉), à l’utilisation variée, le pin rouge du Japon (akamatsu 赤松), employé dans la vie quotidienne et, enfin, le zelkova qui est destiné aux grands bâtiments, dû à sa grande résistance.
Le maître charpentier Tsunekazu Nishioka aplanissant une surface de bois avec un yari-ganna. © Takenaka Carpentry Tools Museum
Au Japon, l’architecture a une fonction symbolique, qui fournit un cadre aux rituels du quotidien, comme pour la cérémonie du thé. Ce style, qui s’appelle sukiya-daiku (数寄屋大工), privilégie la finesse et la fragilité à la robustesse. Au sein de l’exposition, vous pourrez voir la reproduction du Sa’an, la pavillon de thé du temple Daitoku-ji de Kyôto. Vous pourrez également profiter de la construction et fabrication de chaque partie de la maison, du tatami au toit, des pilotis aux petites entrées.
Réplique de l’ossature du pavillon de thé Sa-an © Takenaka Carpentry Tools Museum
Sur votre droite, vous trouverez la planimétrie réalisée par Tsunekazu Nishoka, considéré le plus grand charpentier du Japon. Selon lui, pour qu’un bon bâtiment puisse tenir débout, il faut que le bois utilisé soit originaire du lieu où l’on érige la construction.
L’héritage architecturale a de fortes influences chinoise et coréenne, pourtant certaines choses diffèrent. Par exemple, le toit qui est plus courbé pour éviter que l’eau stagne, ainsi que l’assemblage de billes en bois ou kumimono (組物). En l’occurrence, cette technique étaient employée dans les temples, pour leur conférer plus de solidité, afin d’éviter que les grosses pluies n’abîment la construction.
D’une façon plus générale, l’assemblage de billes en bois fait partie du kigumi (木組み) ou de l’assemblage du bois. Dans toute type d’œuvre, architecturale et artistique, le savoir-faire des artisans japonais montre la maîtrise de cette technique. Après le processus de rabotage et peaufinement du bois brut, tout s’emboite stablement à jamais.
Rabot à rainurer © Takenaka Carpentry Tools Museum
L’art de l’assemblage ne se délimite pas qu’aux grands bâtiments, mais on la retrouve dans la création artistique également. L’un des exemples les plus probants est le kumiko (組子) du paravent exposé à la Maison de la culture du Japon, datant de l’époque de Kamakura (1185-1333). Le kumiko est une technique d’assemblage de petites pièces de bois de façon minutieuse, qui crée des composition géométrique harmonieuse.
Au beau milieu de l’exposition, nous pouvons également découvrir que derrière chaque construction, les charpatiers emploient plusieurs outils et réalisent des rituels shintoïstes de bonne augure. En 1943, une enquête a été mené dans l’arrondissement de Ôta à Tôkyô. Apparemment, un charpentier utilisait 179 outils de charpenterie, dont 89 sont présents dans l’exposition. Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, la plupart en utilise 20, et occasionnellement 59.
De droite à gauche : Grande scie à traction, Traceur de charpentier, Herminette et traceur de charpentier © Takenaka Carpentry Tools Museum
Concernant les rituels, la tradition shintoïste est présente à partir de la toute première cérémonie appelée jichinsai (地鎮祭) ou « de l’apaisement du terrain », pendant laquelle on apaise les esprits et on prie pour la stabilité du terrain et la sécurité des travaux. Parmi les multiples rituels, le plus important est la « cérémonie de la pose faitière ». Un autel se pose à l’intérieur ou sur le toit, avec des offrandes, et ensuite on disperse ces dernières une fois la cérémonie terminée.
Paravent en kumiko © Takenaka Carpentry Tools Museum
Êtes-vous curieux d’en savoir plus sur des techniques ancestrales de l’architecture Japonaise? Laissez vous transporter par ce voyage dans le passé, où chaque outils et chaque pièce vous montrera le travail des des charpentiers.
Par Paolo Falcone