Les yōkai sont des « créatures surnaturelles issues du folklore » pouvons-nous lire sur la quatrième de couverture de ce livre élégamment illustré. Or, qui sont-ils en réalité ? Et quelle est leur histoire ? Découvrons-le ensemble…
Ce guide immerge le lecteur dans un monde imaginaire, peuplé d’êtres tantôt difformes, tantôt séduisants. Réalisé par KOICHI Yumoto, un inconditionnel passionné de ces créatures irréelles vivant dans les légendes japonaises, nous pouvons embrasser au fil des pages une vaste kyrielle de représentations de monstres en tout genre…
Notre voyage dans l’univers des esprits malins et malfaisants commence dès la couverture. On croit y apercevoir les contours tremblants d’animaux connus, ainsi que d’étranges êtres hydrides, mêlant les mondes animé et inanimé…
Une fois que l’on ouvre ce livre imposant, un premier mot nous accueille : deux kanji s’étirent en effet sur l’étendue blanche de la feuille de papier, l’un noir (妖), l’autre rouge (怪). Il s’agit des deux idéogrammes composant le mot yōkai (妖怪).
Les amateurs de manga sauront se rappeler sans doute les yōma (妖魔), les démons présents dans Claymore de YAGI Norihiro : le kanji 妖 se retrouve également dans des termes tels que « envoûtant » (妖艶 yōen), « épée ensorcelée » (妖刀 yōtō), « sorcellerie / magie noire » (妖術 yōjutsu) ou encore « vieille sorcière » (妖婆 yōba). On ne peut qu’imaginer le délicieux jeu de mot homonymique à la lecture des consonances du dernier mot, car il se rapproche étonnamment de Yubaba (湯婆婆), la « vieille sorcière » dans Le Voyage de Chihiro. Seulement, le réalisateur MIYZAZAKI Hayao a préféré l’affubler – selon toute vraisemblance – d’un idéogramme associé à l’eau et aux bains (湯) : rien d’étonnant lorsque l’on sait qu’elle est la propriétaire d’un établissement de bain !
Quant au deuxième kanji, 怪, il décrit un panel d’émotions dérangeantes, se retrouvant au sein de mots signifiant tour à tour « étrange », « bizarre », « mystérieux » ou bien « anormal ». Nous l’apercevons notamment dans les termes kaijū (怪獣, monstre) et mononoke (物の怪) signifiant « esprit vengeur » ou « spectre ». Les fans de Kaiju n°8 et de La Princesse Mononoké en saisiront forcément tout le sens.
Voilà, nous avons planté le décor. Revenons maintenant à ce livre semblable à une encyclopédie tellement les sources et les illustrations y abondent : visage cornu surmontant un corps de serpent ; visage simiesque doté d’un troisième œil, d’une gueule béante garnie de crocs acérés ; être étrange présentant des caractéristiques du cyclope et de la licorne ; kappa aux airs ahuris (leurs cheveux hirsutes en cercle nous rappelle l’implantation capillaire en cercle des moines chrétiens ayant reçu la tonsure), tanuki ventripotents, et bouilloire fumante… Tout ce petit monde surnaturel évolue aux côtés des humains, leur jouant des tours, ou les ensorcelant.
Chose peu commune : il nous est donné à voir différentes illustrations issues de même rouleaux, appelés emaki en japonais.
Informations :
Auteur : KOICHI Yumoto
Edition : La Martinière
Parution : 16 septembre 2022
Prix : 40 €