Vous êtes-vous déjà demandé quelle histoire nous aurions si nous mélangions les récits d’Asimov avec les singularités de la culture apache ? Si nous prenions les romans d’Arthur C. Clarke et de Dan Simmons et que nous y mettions à la place les héros des mythologies araméenne ou inuit ? Serions-nous surpris de croiser dans une Voie Lactée saturée de vaisseaux spatiaux, de navettes intergalactiques, des engins motorisés aux allures de canoë, recouvert à l’instar de peaux de bêtes d’une membrane métallique ? Comme le roman Kirinyaga de Mike Resnick, qui parvint à mêler avec sagacité et effroi ce que pourrait être la civilisation kikuyu au XXIIème, nous découvrons ici avec Rōnin : Star Wars Vision un univers où la figure de l’honorable samurai se superpose avec celle du Jedi…
Notre histoire commence sur la surface de la planète Genbara, située dans la Bordure Extérieure, où quelques colonies éparpillées subsistent dans les montagnes. Nous croisons alors au milieu des denses forêts de conifères un homme vêtu de nippes, arborant une prothèse métallique le long de la mâchoire, dessinant les contours d’une barbe factice, ainsi que deux armes à la ceinture, dont un fourreau renfermant la lame d’un sabre-laser… A ses côtés, un droïde sarcastique parlant autant la langue de l’Empire – des Hommes – que le langage binaire de son espèce. Les échanges nous apprennent alors plusieurs choses : l’homme, aux allures de samurai intergalactique, poursuit une traque (que le droïde qualifiera de « périple insensé d’ailleurs), guidé par une étrange voix omnipotente – car elle lit ses pensées et semble voir à travers lui – qu’il est le seul à attendre. Cet homme, qui nous est présenté comme un « vieil homme » qui se fait appeler « Le Rōnin », ressemble davantage à un vagabond ou à un mendiant, avec sa tunique éliminée et son apparence négligée. Seul son compagnon constitué de circuits imprimés est affublé d’un véritable nom, une suite de chiffres et de lettres à l’image des célèbres R2D2 et 6PO : B5-56.
Les interrogations fusent alors sous notre crâne : qui est cet homme ? Et que cherche-t-il ? Est-il animé par la vengeance ou poursuit-il une sacro-sainte quête ? Est-il un justicier des temps futuristes ou fait-il acte de pénitence ? Maniant un sabre à la lame incandescente, mais également la Force, est-il un Jedi ou un Sith ? A quelle faction de l’Empire se réclame-t-il ? Et à qui appartient cette voix qui le guide, mais qui en même temps cherche à le faire périr par tous les moyens ? Tout en récoltant des cristaux kyber, l’homme occit ses proies sans remord… Quel horrible passé peut-il bien caché ? Quelle est sa véritable identité ? Découvrez-le très vite dans le roman 😊
Nos coups de cœur : Nous avons adoré lire l’expression « sans un crédit » (entendez par là « sans un sou » dans cet ère galactique) dès la première page. Grâce à cette subtile passerelle langagière, nous sommes tout de suite immergés dans ce récit de science-fiction. Les nombreuses références à la culture japonaise aident ensuite à garder le lecteur en appétit : thé, kimono, naginata, shōgi, pagode dorée… Même les lieux ont une consonnance nippone, comme nous le prouve « l’antique Rei’izu et ses temples » ou bien encore les cavernes de Seikara ! A l’inverse, nous sommes bel et bien plongés dans un monde où la technologie permet de terraformer toute une planète pour offrir simplement du divertissement. « […] notre planète a été entièrement restructurée pour votre plaisir […] » pouvons nous lire au bout de quelques chapitres… Cela nous donne un avant-goût peu reluisant quant à ce que l’espèce humain sera capable de faire dans le futur !
Enfin, la citation que nous avons préférée : « […] je suis mon propre sang, et ceux qui me suivent sont mon peuple ».
Nota Bene : Si vous êtes en recherche d’une autre lecture, mêlant cette fois-ci culture japonaise et fantasy, nous vous conseillons La Trilogie de l’empire de Raymond E. Feist et Janny Wurts : Fille de l’Empire (T1), Pair de l’Empire (T2) et Maîtresse de l’Empire (T3). Nous y suivons l’ascension de Mara, fille de la maison des Acoma de la planète Kelewan, où s’étend l’Empire tsurani.
Informations :
Auteur : MIEKO CANDON Emma
Editeur : Outre Fleuve
Parution : 7 juillet 2022
Prix : 22.90 €
Par Léa van Cuyck