Sorti au Japon fin décembre 2020, nous accueillons cet été le film d’animation de HIROTA Yusuke, réalisé d’après le livre Poupelle et la ville sans ciel de NISHINO Akihiro. Cette œuvre cinématographique, qui nous immerge dans un univers où les étoiles n’existent pas, et où toute pensée en contradiction avec les règles de la cité est considérée comme hérétique, nous délivre un message important : il faut croire en ces rêves jusqu’au bout !
Notre histoire se déroule dans une ville verticale, située au bord d’une baie, qui est recouverte de cheminées (les scènes se déroulant sur les toits nous rappelèrent un peu le film d’animation Nocturna de Victor Maldonado et Adriàn Garcia) d’où s’échappent des volutes grisâtres et bistres, qui rendent la voûte céleste opaque comme de la poix. De cette ville « noire de fumée noire », irradie une luminosité diffuse, créée par de gigantesques générateurs. Des lampions rouges et des néons nous rappellent quant à eux l’atmosphère si caractéristique des villes japonaises. Seul problème à cette « nuit éternelle », le soleil ne parvient plus jusqu’à la ville, cela ayant occasionné la mort toutes les plantes (cette situation nous rappelle sensiblement l’univers de Fool Night).
Film d’animation Nocturna
L’intrigue débute avec la rencontre de Lubicchi, un petit garçon aux cheveux frisotés surmontés d’un chapeau semblable à celui du Chapelier Fou, et d’un homme-poubelle qui résulte de la chute d’un « cœur palpitant », tombé du ciel telle une météorite, et qui agrégea, tel un aimant, des déchets pour se « façonner ». Cage d’oiseau pour le torse, manche de parapluie orange pour le nez… son corps n’est fait que de ressorts grinçants, d’éclats de métal, d’optiques et d’entête de balai. Comme l’épouvantail du Magicien d’Oz, cette créature marche, parle et est dotée d’une conscience.
Lubicchi sauve alors spontanément l’homme-poubelle, qu’il renommera plus tard Poupelle, aux prises avec une situation dangereuse, ce qui leur fera vivre toute une série d’épreuves scénarisées à la manière d’un jeu vidéo : différents niveaux à parcourir, escaliers à descendre, portes à franchir, poursuivis par une boule géante, dégringolant sur des rails à l’intérieur d’un wagon… le tout accompagné par des sons aigus et électroniques comme dans Mario Bros.
Les ennuis ne tardent cependant pas à apparaître : considéré comme un monstre, Poupelle est poursuivi par les Inquisiteurs, et doit se cacher. Lubicchi va alors demander de l’aide auprès de ses collègues ramoneurs, profession indubitablement indispensable dans cette « ville cheminée », et les supplier de lui donner du travail. Nous retrouvons ici l’importance accordé au travail dans la société japonaise, et ce, peu importe l’âge, le sexe, et même l’identité du personnage, qu’il soit humain ou non. Ce phénomène s’observe par exemple dans Le Voyage du Chihiro. Nous en avions également parler dans notre précédent article sur La boite lumineuse d’ERISAWA Seiko.
La conjoncture de certains évènements va alors faire remettre en cause l’amitié nouvellement nouée entre le jeune garçon et Poupelle, car ce dernier a trahi malgré lui le secret le plus précieux de son ami. En effet, dans ce monde condamné à la fumée des cheminées, Lubicchi ne rêve que d’une chose : chasser la fumée du ciel pour voir le monde extérieur, où il pourra apercevoir les fameuses étoiles dont son père lui parlait tant… Or, dans cette ville, croire aux étoiles est considérée comme une hérésie et vous faire passer ad patres… Comment notre héros réagira-t-il ? Réussira-t-il à atteindre son rêve ?
Nos coups de cœur : Il est fascinant de voir que l’Humanité cherchera toujours à maintenir sa population dans une certaine forme d’ignorance pour mieux la contrôler, la diriger… Cette triste réalité est parfaitement palpable dans cette œuvre. Cependant, en réponse à l’oppression, l’insurrection n’est jamais bien loin ! Et c’est ces révoltes qui séduisent nos esprits. Enfin, les fumeroles noirâtres et les projecteurs, faisceaux lumineux s’agitant partout dans l’air, comme si la ville était en guerre, créent une atmosphère anxiogène extrêmement tangible, nous mettant, nous spectateurs, dans un inconfort qui nous permet de mieux appréhender le récit. A voir absolument !
Informations :
Sortie dans les salles françaises : le 17 août 2022
Site officiel : https://poupelle.com/
Tout public, à partir de l’âge de 5 ans