À travers le livre Hommage à Satoshi Kon, nous découvrons au fil des pages un artiste de renom, à la fois mangaka (le dessin fut sa première passion) et réalisateur, qui persévéra dans son art jusqu’à en être l’une des figures de proue.
« C’est à partir de la contrainte que se développe la liberté de créer : en obligeant l’artiste à s’affranchir de bon nombre de facilités, elle entraine de nouvelles formes d’expression. » Avec ces mots, le prolifique et virtuose du cinéma d’animation japonaise donne le ton. Pendant sa longue carrière, SATOSHI Kon ne chercha pas en effet à réaliser des œuvres sans âme ni technicité : il construisit au contraire sa légende grâce à sa méticulosité et à son génie extraordinaire.
Se revendiquant lui-même de la « petite industrie » contrairement au géant américain Disney, SATOSHI diffère également des dessins animés japonais que nous avions à l’époque l’habitude de voir. Il faut dire que ses thèmes de prédilection, « les récits du quotidien », cachent toujours un sens profond, faisant naître des émotions fortes chez les spectateurs, ces derniers étant tantôt subjugués, tantôt bousculés. Mettant en exergue le rôle du vide, du silence, de l’immortalité, SATOSHI rend de plus palpable l’impalpable, tout en promouvant des personnages plein de richesse et de complexité, loin des êtres manichéens auxquels la fiction nous a habitué.
Le réalisateur japonais retranscrit cette lenteur qu’il souhaite voir imprégner ses créations en utilisant peu d’images : par exemple, il utilisera 30 000 dessins pour mettre au monde son chef d’œuvre Blue Perfect, tandis que Princesse Mononoké de MIYZAZAKI Hayao en nécessita pas moins de 144 000 et Steamboy d’ŌTOMO Katsuhiro (le long métrage le plus cher de l’histoire) près de 180 000… Pourtant, de son propre aveu, les décors sont décisifs. Il ne laissait alors rien au hasard : en véritable « homme-orchestre », il participait à deux étapes clés de la préproduction – le scénario et le storyboard (ou e-konte en japonais) – car pour lui, seul comptait de « créer une bonne histoire ».
Ce que nous retenons à la lecture de cet ouvrage, de cet « hommage », c’est qu’une relation forte liait SATOSHI et son public. Le réalisateur utilisait en effet l’art du montage afin de dérouter et de surprendre les spectateurs, tout en leur faisant confiance pour comprendre les subtilités de ses œuvres.
Ce cinéaste, à travers son imaginaire, a su également développer le nôtre, et sut inspirer bon nombre d’autres réalisateurs. On ne compte plus les clins d’œil et les reprises cinématographiques : Requiem for a Dream et Inception puisent certaines de leurs scènes par exemple dans l’iconique Perfect Blue. Récits psychédélique ou introspectif, les histoires de SATOSHI Kon ne laissent décidément pas indifférent.
Informations :
Auteur : Bouthavy Suvilay
Contenu : dossiers exclusifs et interviews inédites
Prix : env. 16,50€
Editeur : Ynnis Editions
Par Léa van Cuyck