Ijime, traduisible par « intimidation », est un terme utilisé au Japon pour parler des moqueries et des agressions physiques ou psychologiques subies par des individus ne correspondant pas aux codes de conduites ou de paraitre de la société japonaise. Il peut s’agir d’enfants, d’étudiants ou d’adultes employés ou non et de toute autre personne présentant des différences qui ne peuvent être tolérées.
Dans une société qui promeut l’homogénéité et le bien commun, il est en effet très mal vu de sortir du lot, de s’affirmer, que ce soit dans ses interactions sociales ou dans sa tenue vestimentaire par exemple.
En effet, au Japon, si vous souhaitez vous intégrer à un groupe et donc « faire partie d’un moule » sociétal, vous devrez la plupart du temps avoir à effacer certains traits de caractères et affinités qui vous différencieront du groupe que vous souhaitez intégrer.
Un proverbe japonais très connu dit d’ailleurs : « Le clou qui dépasse appelle le coup de marteau ».
On juge plus souvent l’individu selon ses fréquentations que pour ce qu’il est vraiment – sans compter la dualité honne-tatamae -, obligeant ainsi un individu à se sociabiliser à tout prix pour être ne serait-ce que « reconnu » comme existant.
Les conséquences d’un rejet de la société sont multiples ; insultés, mis à part, maltraités, rackettés, molestés, les victimes sont bien souvent contraintes à l’isolement – voir l’article sur les hikikomori – quand certains ne se suicident pas ou ne deviennent pas des criminels.
Effectivement, les aides en cas de ijime sont limitées voire inexistantes, et les quelques disponibles comme les travailleurs sociaux – éducateurs, psychologues – ne sont que très peu sollicités dans une société où tout handicap est très mal vu, qu’il soit d’ordre physique ou psychologique.
Bien souvent les individus présents passent leurs chemins lorsque confrontés à ce genre de phénomène que ce soit au travail ou ailleurs, de peur d’être à leur tour eux-mêmes, victime de harcèlement.
Dans les établissements scolaires, les professeurs, par peur des représailles, et pour éviter de ternir la réputation d’une école, ferment bien souvent les yeux sur ce qui se passe, demeurant indifférent afin de ne pas s’attirer quelques problèmes que ce soit.
À cela s’ajoute le très récent phénomène des réseaux sociaux et donc du cyberharcèlement, véritable poudrière.
Il n’existe à ce jour presque aucune loi contre le harcèlement moral ou physique au Japon dont les chiffres sont en hausse avec plus de 200 000 cas estimé chaque année.
C’est seulement depuis quelques années que le gouvernement, sous la pression de nombreux syndicats de parents de victimes, a décidé de se pencher sur le sujet avec notamment une loi votée en 2013 et quelques autres à suivre.
Amateur de pop-culture nippone, parmi la multitude d’œuvres traitant du sujet, vous avez celui Keiko Suenobu, mangaka victime de ijime plus jeune qui se penche sur le harcèlement scolaire. Il existe aussi le manga/anime Great Teacher Onizuka ou encore le film A silent voice pour les œuvres les plus connus sur le sujet. Par Akira