Nous avons rencontré le photographe Dusan Bekcic qui nous parle de son amour du Japon et de sa série de photos intitulée Japonaises à Paris.
Parlez-nous de votre parcours en tant que Photographe.
La photographie m’est tombée dessus en quelque sorte !
On ne peut pas dire que j’étais un étudiant académique et appliqué… alors que je me posais des questions sur mon avenir qui était bien assez flou. Mon père m’a donné un appareil photo Leica. J’ai été tout de suite aspiré par cette passion et très rapidement j’ai compris que la photographie ferait partie de ma vie. J’ai intégré un cursus spécialisé en photographie et très rapidement j’ai eu mon diplôme pour exercer. Ensuite, c’est une succession de rencontres et un parcours rythmé par des opportunités qui s’est offert à moi.
Parmi mes expériences les plus importantes, j’ai exposé dans le cadre de l’Hypegallery, au Palais de Tokyo en 2004. Cette exposition était consacrée aux graphistes, photographes, illustrateurs et réalisateurs. Ruedi Baur a été le parrain et le porte-parole de cette exposition.
En 2007, j’ai réalisé une exposition intitulée Promenons-nous dans les bois tant que le loup n’y est pas au parc Henri Sellier (Plessis-Robinson). Un brin de nature et un zeste de culture pour une promenade graphique et poétique au service de la nature. Une approche artistique à travers 10 tableaux à découvrir au gré d’une ballade au parc pour une prise de conscience et un appel au respect de la nature.
Par la suite en 2015, j’ai réalisé un timbre pour la commune de Clamart dans le cadre de l’évènement Mairies de France.
Qu’utilisez-vous comme équipement ?
Pour réaliser cette série de photos, j’ai utilisé un Canon 5D mark III avec un objectif 17-40 mm et un 24-105 mm.
Vous êtes un passionné du Japon, comment se manifeste cet amour en plus de la photo ?
Le Japon a toujours été un mystère exotique pour moi dès mon plus jeune âge. À mon époque, on ne croisait pas beaucoup de Japonais en France ! Le Japon, c’était le bout du monde et les samurai ! Très vite alors que j’étais un jeune adulte, j’ai eu l’espoir d’y aller et de voir de plus près cette culture si riche en histoire, mais aussi en modernité avec une architecture sophistiquée et des technologies innovatrices.
Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion d’y aller au début de ma carrière de photographe, mais seulement récemment, et ce, avec mes enfants. Le Japon est un pays plein de contrastes. Y être pour la première fois est un choc culturel énorme, car malgré la technologie si présente, la tradition est aussi très actuelle !
J’ai aussi découvert la véritable cuisine japonaise. Une expérience gustative unique, car elle utilise des ingrédients fondamentalement différents. Au Japon, les ramen sont variés et ont un goût délicieux, le bœuf est si tendre, les tempura, les omelettes, l’anguille grillée les différentes racines ont des saveurs tout à fait incroyables, j’ai trouvé leur thé brun au riz torréfié et leur pâtisserie, notamment le daifuku, exceptionnels. J’ai été impressionné par l’esthétisme et la simplicité des mets servis dans des plats magnifiques et raffinés. Tout est superbement arrangé avec précision et composition : un véritable festin des yeux et du goût.
Comment est né ce projet photo ?
Dans le cadre du 160e anniversaire des relations diplomatiques avec la France et le Japon en 2018 j’ai créé cette série de photographies. L’idée est partie du contraste que j’évoquais au sujet de ma passion pour le Japon. C’est ce qui a été le déclencheur du projet. Je souhaitais créer un contraste entre le sujet et le décor. Une mise en scène de choc en quelque sorte. L’élégance et l’héritage entre deux cultures fondamentalement différentes. Ces jeunes modèles japonaises que j’ai rencontrées avec comme toile de fond la beauté de Paris est un contraste, mais aussi un dialogue. Ce dialogue est riche visuellement et conceptuellement.
Qui sont les modèles avec qui vous avez travaillé ?
J’ai rencontré ces modèles par l’intermédiaire de la styliste/habilleuse avec qui j’ai choisi les kimono pour chaque cliché photographique. C’est en parlant avec une de mes amies de longue date dont le fils travaille dans un restaurant japonais à Paris que j’ai rencontré la styliste/habilleuse qui venait tout juste d’arriver de Tokyo pour quelques mois. Elle avait ces kimono qu’elle a emportés dans ses bagages. Ce fut un concours de circonstances qui me rappelle que les choses arrivent dans la vie comme un cadeau instantané et imprévu.
Comment avez-vous choisi les spots photo ?
Ce sont des endroits à Paris qui me sont proches, c’est mon jardin personnel, mon « terrain de jeu » en quelque sorte ! La géométrie accentuée avec les lignes de fuites, les rythmes créés par les arcades, escaliers, lampadaires est importante : elle forme la composition de ces clichés. La tour Eiffel, le Louvre, le Pont Alexandre III et certaines bouches de métro au style Art déco sont aussi des endroits prestigieux avec une empreinte très caractéristique de la Ville de Paris.
Le Paris touristique connut dans le monde entier. Mais au-delà de l’importance symbolique du lieu, j’aime aussi jouer avec les couleurs. Les murs de graffitis et la bouche de métro de Jean Michel Othoniel sont des touches de couleurs complémentaires aux kimonos des modèles.
Quel est le message que vous souhaitez faire passer à travers cette série ?
Ce n’est pas tellement un message que je souhaite faire passer, mais surtout un ressenti, comme devant une toile de peinture. Se laisser porter par l’esthétisme photographique avec une composition, du relief, des textures, des lignes, de la couleur et de la lumière. Bien sûr, cette rencontre entre deux cultures est le point de départ de ces compositions, mais je souhaite avant tout que les spectateurs soient portés par ces images à travers leur grâce et leur attrait.
Envisagez-vous d’autres photos sur le thème du Japon, en France ou là-bas ?
En ce moment je travaille sur un autre projet, mais j’adorerais retourner au Japon pour y rester plus longtemps et approfondir l’idée de contraste à travers les paysages ruraux et l’urbanisme.
Ces clichés ont-ils été exposé ?
Ces photos n’ont pas encore été exposées, une exposition est prévue dans la ville du Plessis-Robinson courant 2021/2022
Vous pouvez contacter Dusan Bekcic par mail : dusan@neuf.fr
Styliste : Saori Okada
Très très jolies photos, merci à ces beautés d’extrême orient pour ce singulier voyage à travers Paris… revisité,
et merci à l’artiste pour son regard mais aussi son commentaire très intéressant, qui met en appétit !
Sublime formidablement sublime, on attend l’expo avec impatience !
MC.
Magnifique reportage.
Les photos sont sublimes.
Bravo!!!
J’attends impatiemment le moment ou je vais pouvoir me rendre au Japon.