Nom commun issu du verbe hikikomoru littéralement « se cloîtrer », il s’agit de personnes vivant coupé du monde, majoritairement encore chez leurs parents au vu du prix de l’immobilier au Japon, car travaillant peu ou pas du tout.
Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas de fainéantise ; si ces ermites des temps modernes ont préféré s’isoler du monde, c’est pour une multitude de raisons. Il y a celles et ceux ayant subi un traumatisme dû à des violences physiques ou psychiques, voire les deux, que ce soit de leur entourage proche ou du monde extérieur. D’autres ne se retrouvent pas dans les valeurs de nos sociétés modernes où l’esprit de compétition, la course à la performance – dans le milieu scolaire et celui du travail notamment -, prime sur les valeurs et qualités humaines de l’individu. Il existe encore beaucoup d’autres réponses à leur enfermement, propre à chaque cas.
Leur nombre était de 250 000 environ au début du phénomène apparu aux alentours des années 1990 sur le territoire japonais, parallèlement à la crise économique survenue dans le pays durant cette période. Faire le pont entre les deux n’est pas absurde, mais comme dit plutôt, ce n’est pas le seul facteur qui entre en compte.
Aujourd’hui, on en recenserait plus d’un million au pays du soleil levant, chiffre qui irait croissant, selon plusieurs études sur le sujet, le modèle de réussite sociétal ne changeant pas, et ayant même tendance à se durcir.
Beaucoup de « spécialistes » justifiaient – et encore aujourd’hui -, ces comportements « asociaux » comme étant provoqué par une présence maternelle excessive, un certain confort de vie obtenu grâce à la mère, étant bien souvent celle qui doit s’occuper des enfants dans la culture japonaise traditionnelle. D’autres les qualifient tout simplement de laxistes, de parasite sociétal.
Heureusement pour ces êtres humains reclus, de plus en plus de dispositifs sont mis en place pour aider celles et ceux qui le souhaitent, ne serait-ce qu’à sortir de leur enfermement, à développer quelques relations, en dehors de celles qu’ils peuvent avoir virtuellement, via leur écran d’ordinateur, au travers de réseaux sociaux ou des jeux vidéo, ce dernier étant un média ludique et social à bien des égards.
Ces individus ne sont en général pas dénués d’intelligence ou de culture, ayant tout loisir de parfaire leurs connaissances via internet, les livres et autres médias vecteurs de savoir de tout type, pour le peu qu’on s’y intéresse.
Certains y apprennent même des métiers, et se destinent à une éventuelle possibilité de vocation qui, en plus de les rendre indépendants financièrement, leur permettrait d’être plus épanouis dans leur vie.
Quoi qu’il en soit, ce phénomène de société – a priori symptomatique des modèles de réussite de nos sociétés occidentales contemporaines -, n’est pas près de s’arrêter ; en France comme un peu partout dans le monde, des communautés apparaissent et le nombre d’individus ne cesse de croître, malgré les quelques solutions mises en place pour endiguer ce qui semble être un problème dans nos sociétés où les relations sociales sont plus que jamais mis en avant.
Peut-être faudra-t-il, un certain palier « d’adhésion » atteint, écouter leurs revendications ; qui sait s’ils n’auraient pas de bonnes idées pour rendre le monde meilleur ? Affaire à suivre donc.
Steph.