La 23e édition de Paris Manga vient de se terminer avec grand succès. Lors de cette édition, nous avons l’occasion de rencontrer Masashi Kudō. Il est le character designer de l’anime de Bleach ainsi que le réalisateur de Chain Chronicle qui est actuellement diffusé sur Crunchyroll. Aussi, nous lui avons demandé de nous parler de sa manière de travailler et de son actualité. Interview initialement publiée sur le blog de Advanced Creation.
Comment est venue la proposition de « Chain Chronicle » ? Êtes-vous un grand joueur de jeux vidéo ?
Masashi Kudō : Tout est venu par hasard. « Chain Chronicle » est un jeu vidéo qu’a développé Sega pour smartphone. Comme le studio Telecom Animation Film s’est affilié avec Sega, un des producteurs m’a proposé de réaliser l’anime. Il me l’a proposé car il savait que j’aimais assez bien les jeux vidéo notamment les « heroic fantasy ». En me confiant sur ce beau projet, il avait une bonne intuition sur la qualité que je pouvais apporter à l’anime.
Vous connaissiez ce jeu avant de réaliser l’anime ?
MK : Non, pas du tout. J’ai joué lorsque j’ai commencé à le réaliser. Cela me permettait de mieux cerner l’univers.
Racontez-moi comment se passe la réalisation d’un anime ?
MK : De manière générale, quand on est réalisateur la vision est plus globale sur le projet. Je dois tout penser à savoir le scénario, le dessin, la musique… Quand on est character designer, le travail qu’on apporte est plus axé sur le dessin des personnages ou de son environnement.
Comme en France, y a-t-il une pression sur l’audience lorsque l’anime est diffusé ? Est-ce qu’on vous donne des directives sur la réalisation si les audiences sont moins bonnes ?
MK : Jusqu’à présent, je n’ai pas eu cette impression. En effet, l’anime « Chain Chronicle » est connu du public via le jeu et des films qui ont été faits. Il y a eu trois films qui correspondent à quatre épisodes par film. Il n’y a pas eu de pression sur l’audience car on savait que les spectateurs seraient normalement au rendez-vous. Cela s’est confirmé avec les chiffres. Tout le monde était content donc ça va. Pas besoin de remanier quoique ce soit. J’ai eu l’opportunité de travailler sur des projets où l’audience était assurée.
Vous êtes character designer et réalisateur pour les animes, est-il possible qu’un jour vous soyez auteur de votre propre manga ?
MK : C’est une question intéressante (rires) ! Je n’ai pas eu l’occasion de penser à cela directement mais si j’ai une idée qui pourrait être bien développée je le ferai. Cela serait un manga avec beaucoup d’action. Pour l’instant, ce n’est pas encore dans mes projets.
Vous êtes venus plusieurs fois en Europe, quel attachement avez-vous pour ce continent ?
MK : Le continent européen a été toujours un continent où je rêvais de venir car j’admire beaucoup tous ces pays. Lorsqu’Emmanuel (Ndlr : Emmanuel Bochew, son agent en France et Europe) m’a contacté sur Twitter pour venir en France, je n’arrivais pas à croire à une telle proposition car je pensais que c’était une blague (rires). Puis, je me suis renseigné auprès des producteurs de chez Pierrot qui m’ont confirmé qu’Emmanuel est quelqu’un de sérieux ! J’ai donc sauté sur l’occasion car j’avais vraiment envie de venir en France ! J’adore ce pays. Son architecture, sa manière de vivre, sa culture.
Justement, vos inspirations lorsque vous dessinez ou réalisez un projet viennent de la photographie, de l’architecture, de la mode ?
MK : Mes sources d’inspiration viennent de partout mais effectivement pour « Chain Chronicle » lors de ma dernière venue en France, je me suis beaucoup inspiré du pays. Notamment du Mont Saint-Michel. Le guide m’a donné beaucoup de détail et de documentation surtout sur l’architecture. Du pourquoi et comment sur certains éléments, on avait du style gothique ou pas. J’ai pris beaucoup de photos pour pouvoir m’en inspirer.
Il vous arrive d’observer vos collègues américains ou européens sur la manière d’aborder la narration ? Quelles sont vos références ? Les comics, la bande dessinée ?
MK : Je suis très comics et je regarde le style qui est apporté. J’adore lire « Hellboy ». J’ai beaucoup aimé la version présentée de Guillaume Del Toro. Pour la bande dessinée, j’adore Mœbius.
On dit que pour un sportif surtout pour un joueur de tennis, les mouvements ou les tics qu’ils font sont quasi identiques. Lorsque vous dessinez un personnage ou réalisez un projet, commencez-vous toujours par la même réflexion ?
MK : Je commence par avoir une observation sur l’anatomie. Je fais en sorte que le corps du personnage soit bien dessiné. J’essaie de trouver un bon équilibre afin de faire un style « manga » car si le corps est dessiné avec beaucoup de détail, on est moins attiré sur le reste du dessin. Je trace d’abord la silhouette ensuite les détails du personnage.
Y a-t-il des projets sur lesquels vous souhaitez travailler en ce moment ?
MK : Je travaille déjà sur une série animée en tant que réalisateur. Elle va être diffusée l’année prochaine au Japon mais pour l’instant c’est un secret. Je ne peux pas vous dire le nom (rires). Je peux juste dire que l’action se déroule dans un lycée.
Interview par Hui-Ping PANH
Crédit Photos : Charlène Zhifen LIN
Traduction : Andy KIMURA
La rédaction remercie Claire Regnaut responsable communication de Paris Manga, Emmanuel Bochew son agent en France et Europe de Masashi Kudō (Il a organisé la venue de Masashi Kudoi à Paris Manga) ainsi Andy Kimura pour leur dévouement et pour nous avoir permis de réaliser cette interview.
La rédaction remercie chaleureusement Masashi Kudō pour le temps consacré à l’interview et d’avoir réalisé ce magnifique dessin pour les lecteurs d’Advanced Creation.